GARDOUCH

village lauragais

Boulangers à Gardouch



Le pain a été longtemps l’aliment de base, nos campagnes étant en quelque sorte un petit grenier à blé. Sa consommation a certes baissé au cours du XX ° siècle mais elle demeure importante, sous des formes diversifiées.

Sans s’attarder sur le détail du métier de boulanger il convient de souligner qu’il consistait à fabriquer la pâte, la pétrir, la cuire et vendre le produit fini. Il nécessitait donc un four. D’où les noms répandus de Fornier, Fournier, etc. Tous les villages avaient leur fournil.

Le métier ne se limitait pas à la fabrication et à la vente sur place. Dans certains cas la famille exerçait aussi le commerce du grain.

De plus, le boulanger organisait des tournées de distribution : les ventes se faisaient aussi dans les fermes, les hameaux et les villages voisins.

Au début des années 1900, il existait au moins 3 boulangeries à Gardouch.

Nous avons pu reconstituer un peu de leur histoire grâce aux témoignages de nos aînés … et aux archives.


Description d’un système ancien de règlement auprès du boulanger

Dans beaucoup de cas un système astucieux de troc ou de compensation avait été mis en place. On ne payait que rarement en espèces.

Jean Armengaud, voir rubrique témoignages, y a fait allusion.

Le cultivateur semait et récoltait son blé.

Après le dépiquage une partie était vendue à la halle aux grains à Villefranche à un négociant qui estimait la qualité au vu d’un échantillon, puis payait cash, en venant se chercher les sacs chez le paysan.
Une petite partie était conservée pour être déposée chez le boulanger qui l'apportait à la minoterie (Barlan par exemple) pour en faire farine. Ce qui donnait droit (en fonction de la quantité) à des kg de pain.
Le paysan ne payait pas le boulanger : chaque prise de pain était comptabilisée sur deux baguettes de bois identiques par un trait de scie exécuté par la boulangère. Le paysan gardait sa baguette et la boulangère la sienne.
Il existait des petites baguettes (pain de 1 kg) et des grandes (pain de 2 kg). Elles étaient pendues pour chaque famille derrière le comptoir.
A la fin de la saison, on faisait le solde, sachant que le nombre de traits correspondait à tant de kg de pain pris, donc à tant de kg de blé ou équivalent farine.
Il y avait même des cultivateurs qui, ayant un valet, le payaient en kg de blé. Les boulangers, de peur de n'être pas payés du pain par ce dernier venaient directement se chercher l'équivalent de leur dette chez le fermier, donc retenue à la source.

De même les charrons et les forgerons étaient souvent payés en sacs de blé après les récoltes (octobre). Eux aussi entraient dans ce système.


En 1888

Un Joseph Barthélémy (*), boulanger, épouse à Gardouch une Catherine Villemur.

Déjà un fournil existait donc route de Toulouse, peut-être entre la boulangerie Diaz actuelle et la Côte Pavée.

En 1889, naît une fille : Maria Barthélémy. Le couple aura une autre fille en 1893 décédée la même année.

Donc Maria Barthélémy se retrouvera plus tard seule héritière de la boulangerie.

En 1908 Maria Barthélémy épouse un Jean-Marie Fauré (né en 1884 et mort au front en 1917).

(*) Joseph Barthélémy sera plus tard maire de Gardouch, de 1921 à 1935.


Vers 1900 ?

La boulangerie Delort se crée route de Villefranche, actuellement salon de coiffure, chez Simone Montaut-Mitou.

En jetant un œil dans l’état-civil, nous découvrons qu’en 1895 un Jean-Baptiste Delort épouse une Antoinette Gibert. Le marié (né à Gardouch) est décrit dans l’acte comme boulanger à Mazères. Fort probable qu’après le mariage, il se soit installé à Gardouch.

Il serait dans ce cas à l’origine de la boulangerie Delort.

Nulle trace de naissance de Delort enfants du boulanger à Gardouch jusque vers 1910.

Or les époux Delort ont eu une fille, Laure, mariée à un Miquel de Laval. Selon Marie-Jeanne c’est une certitude. Ce qui veut dire qu’ils ne se sont pas installés à Gardouch juste après leur mariage mais plus tard, après 1900.

Autre certitude, les époux Miquel n’ont pas pris la suite de la boulangerie : elle a cessé l’activité.

Ils auraient acheté à Gardouch une grange et un terrain. La grange avait été reconstruite en maison d’habitation. C’est actuellement la maison Dreuille-Dimitriadou, à l’angle de l’allée des Jardins et de l’avenue du Lauragais.

Quant à la boulangerie, elle a fermé sûrement vers 1923 au décès de Jean-Baptiste Delort. Elle a été remplacée par une épicerie.

Dans la collection des cartes postales, il existe une photo du carrefour. On y aperçoit sur la gauche Barthélémy Bélinguier devant sa forge, et on reconnaît à droite la devanture boisée du magasin.

Quelques précisions complémentaires (source Simone Montaut- Mitou) : cette épicerie a été créée par la famille Mitou qui en 1929 achète l’immeuble aux époux Miquel.

Nous développerons dans le dossier épiciers à Gardouch.


Vers 1910…

La boulangerie Capelle semble se créer.

La maison de l’angle (rue Traversière et Côte Pavée) aurait été achetée par Baptistine Gibert (née Combes) pour y installer boulangers son gendre Auguste Capelle et sa fille Catherine Gibert. Ce couple a eu une fille Marie-Jeanne Capelle née en 1913 qui épousera plus tard Jean André Villemur.

Nota : Baptistine Combes est l’épouse en secondes noces de Germain André Gibert, receveur et buraliste surnommé "Gibertou". Le magasin de recette et débit de tabac (café à l’occasion) figure sur une ancienne carte postale publiée sur le site, au fond de la Côte Pavée.

Malheureusement, Auguste Capelle meurt pour la France en 1916.

Son frère Paul fera alors tourner un temps la boulangerie avec sa belle-sœur, veuve.


Quant à la boulangerie Barthélémy, elle est animée par Maria et son mari Jean-Marie Fauré.

Ils ont deux enfants : Marcel et Emile. Mais cette famille est aussi touchée par la guerre. Mort au front de Jean-Marie en 1917.

Joseph, le père de Maria, exercera par la suite tant qu’il pourra, avec sa fille et ses petits-fils. 

 

En 1919

Paul Capelle était donc boulanger dans la Côte Pavée, dans la maison qui fait angle avec la rue Traversière. Il faisait le pain à la place de son frère Auguste mort à la guerre en 1916, en qualité de beau-frère de la veuve.

Il se marie en 1919 avec une Anna Doumerc. Et ils ont une fille Marcelle Capelle vers 1920.

Mais Paul, fragile et malade, meurt prématurément en octobre 1923. Anna se retrouve alors seule pour la boulangerie, aidée par l’apprenti boulanger de l’époque Pierre Pédémas.

Elle épousera Pierre Pédémas vers 1925 : le nouveau couple va faire construire une boulangerie toute neuve, route de Toulouse, mitoyenne à la boulangerie Barthélémy.

Pierre Pédémas était né à Caignac, ses parents étant domiciliés à Belflou.


C’est cette boulangerie qui demeure la seule existante en 2012.

Les deux boulangeries (Barthélémy et Pédémas) auront coexisté pendant près de 40 ans.

Le couple Pédémas-Doumerc aura deux enfants.

Vers 1931 Anna décède. Pierre Pédémas, veuf, se remariera plus tard avec Jeannette Cucurou.


Vers 1938

Raoul Biou, fils aîné d’une famille de boulangers de Montmaur, vient s’installer à Gardouch au moment de son mariage avec Denise Roussel, fille du postier.

Ils achètent à Maria Fauré (née Barthélémy) et à ses enfants le fond de boulangerie route de Toulouse.


En 1946

Robert et Andrée Biou achètent le fond de boulangerie à Raoul Biou (frère aîné de Robert).

Ce fond artisanal avait été antérieurement la propriété de Maria Barthélémy. Cette dernière conserve toujours les murs.


Vers 1968 ou 1969

La famille Mas achète le fond artisanal de boulangerie de Pierre Pédémas.


1969

La famille Mas achète le fond de boulangerie appartenant aux époux Robert et André Biou.

Ainsi, les Mas se retrouvent seuls boulangers à Gardouch : ils regroupent les deux fonds.


1981 à 1986

Les époux Courneil achètent la boulangerie à la famille Mas.

Pour l’anecdote Jean-Claude Courneil, retiré du métier, exerce en septembre 2012 la responsabilité de maire à Lézat-sur-Lèze où il a été élu en 2008.


Mai 1986 à 2012

La famille Diaz (Pascal et Lucie) succède aux époux Courneil.

Puis Claude Diaz (vers 2010) prend la succession de ses parents.


Il nous manque des éléments historiques au sujet de :

La famille Dussel, dont nous savons qu’ils avaient longtemps exercé ce métier. C’est, les concernant, très vieux.

La boulangerie dite des "Mignous", ancienne maison de Victor Armengaud et de sa femme Marie-Pauline (Roumengou), attenante à la station service.

Selon Marie-Jeanne Bonis, cette boulangerie aurait fermé avant 1920. Elle ne se souvient pas d’y être allée. Elle n’a pas mémoire du nom des exploitants. Mais elle est certaine de son existence.

Il faudra du temps pour arriver à reconstituer l’histoire des boulangers avant 1900 …



Le schéma ci-contre situe dans le village les différents boulangers.


Pascal Diaz nous a permis d’immortaliser le four de la boulangerie Biou

qu’il a entièrement conservé.

A noter qu’il a également restauré la façade du four de la boulangerie

Pédémas. C’est le même modèle que le précédent.


Nous pensons aussi pouvoir accéder au four de la boulangerie Capelle

de la côte pavée.


Le four Delort n’existe plus.

Nous publierons toutes ces photos dans

l’onglet "vues de Gardouch", sous un dossier "boulangeries".











Nous remercions toutes celles et tous ceux qui nous ont permis de développer ce sujet : Georgette Amiel, Andrée et Jean-Louis Biou, Marie-Jeanne Bonis, Pascal et Lucie Diaz, Germaine Galignier, Etiennette Massicot, Simone Montaut, Geneviève Prudhom. Plus tous les oubliés.