GARDOUCH

village lauragais

Le Catharisme

Naissance et développement



D’abord, l’état des lieux au début du deuxième millénaire.


Jusqu’au règne de Philippe Auguste, qui commence en 1180 et qui se finit en 1223 une grande partie du midi est administrée par les comtes de Toulouse. Ils ont des vassaux, barons ou seigneurs locaux qui leur sont dévoués, corps et âme. Souvent, ils ont tissé par des alliances des liens de parenté entre eux.

Les agglomérations ont fleuri de part et d’autre du couloir lauragais, non encore dans la plaine, inondable et peu fréquentable, mais à flanc de coteaux et même carrément sur les bosses où les anciens oppidums se sont plus ou moins fortifiés, devenus châteaux, en prévision d’invasions.


Le château était dévolu au seigneur du lieu. A proximité, le plus souvent une chapelle.

Autour, les habitants : agriculteurs, meneurs de troupeaux, ainsi que les premiers artisans

(forgerons, charrons, savetiers, boulangers …).

De ci de là, dans la campagne, quelques hameaux isolés, près des petits cours d’eau. Et aussi quelques abbayes où les moines vivaient en autarcie.


La terre, les bois appartenaient aux seigneurs locaux qui avaient droit de justice dans leur juridiction. Contrairement à ce que beaucoup voudraient faire croire, cette société était bien organisée, sous la protection et la justice du seigneur certes, mais le bon peuple s’en accommodait fort bien.


Les principaux villages organisés, entre Toulouse et Carcassonne étaient : Deyme, Montlaur, Montgiscard, Baziège, Montgaillard, Gardouch, Avignonet, Baraigne, Montferrand, Castelnaudary, Bram, Alzonne. Un même seigneur, ou une même famille, pouvait avoir droit de justice sur plusieurs agglomérations.


L’Église était plus ou moins présente partout : la religion officielle était la religion catholique.

Mais on ne peut pas dire qu’elle était suivie et appliquée à la lettre.

Les seigneurs étaient catholiques, malgré beaucoup d’écarts peu catholiques, dont ils étaient vite absous … Le peuple était catholique …, de naissance …, et de mort.


Essentiellement, il y avait un manque réel de conviction et en plus un manque d’idéal. Le terroir était tout prêt pour l’expansion d’idées et de croyances nouvelles. Le catharisme sut profiter de la situation, puisque l’Eglise faisait mal son boulot.


Le Catharisme c’est quoi ?


A vrai dire, ce n’est pas au départ une religion, c’est plutôt un courant de pensée dont certains prétendent qu’il a des origines orientales (Bulgarie, Asie Mineure).

Son origine en Europe occidentale remonte vers le 10ième siècle où il se répand au nord de l’Italie et en Languedoc.


Il trouve peu à peu un terrain favorable à son développement dans notre région aux 11ièmes et 12ièmes siècles, pour devenir d’abord une doctrine, ensuite une quasi religion. En effet, nous sommes au beau milieu d’une voie de passage, non seulement pour les choses marchandes, mais aussi pour les hommes et surtout les idées.

De plus, les comtes de Toulouse avaient une conception assez libérale de leur autorité : ils ne se sont pas formellement opposés à ce courant, ils l’ont même soutenu, d’autant plus que certains de leurs vassaux y adhéraient.


Les bases de la croyance 

  


On voit bien qu’il n’y avait pas là que de mauvaises choses. Le problème est que ces idées « révolutionnaires » allaient à l’encontre de la politique des Papes pour qui le catholicisme devait être religion d’état. Ils s’efforçaient d’imposer un strict attachement aux règles, que dis-je, aux dogmes de l’Eglise, même s’ils acceptaient quantité de passe-droits pour les puissants.


Les moyens de son développement


Le terroir du Languedoc était fertile. Il l’était aussi pour les idées. Il est possible aussi que la vieille tradition wisigothe arienne (où le Christ est fils de Dieu mais pas Dieu) ait favorisé l’arrivée de ces idées nouvelles.


Les convertis ayant reçu le consolament (en quelque sorte : baptême + ordination) deviennent des religieux (bonshommes ou parfaits) et se doivent de respecter les règles énoncées plus haut. Il leur est, en outre, demandé d’une part, de se considérer comme apôtres de la religion nouvelle et d’aller la prêcher, d’autre part, de vivre une vie séculière, avec un métier leur permettant de subvenir à leurs besoins et de s’intégrer au mieux dans la population.

Les prédications se faisaient soit dans les ateliers ou maisons des parfaits, soit sur les places publiques.


En deux siècles cette nouvelle religion fit d’innombrables adeptes ou simplement sympathisants dans le Languedoc, si bien que dès la moitié du 12ième siècle, il existe déjà 4 Eglises cathares dans le Midi dont Albi, Toulouse et Carcassonne, dirigées par un évêque et indépendantes entre elles. Aucune hiérarchie supérieure : donc pas de Pape.


Vers 1200, les autorités catholiques commencent à s’inquiéter de l’importance croissante de cette nouvelle religion qui se met à lui porter ombrage et qui conteste.

Le pape de l’époque, Innocent III, essaya d’abord de lutter contre ce qu’il qualifiait d’hérésie par la voie pacifique : prédication et débat doctrinal. Cela ne marcha pas et en 1208, son légat dans le Midi est assassiné près d’Arles, sur les terres de Raymond VI comte de Toulouse.


Innocent III prêche alors la croisade contre les dissidents. Il est entendu par quelques barons du nord, vassaux de Philippe Auguste. Ils lèvent des troupes et se lancent dans la lutte contre les Cathares : parmi les chefs des « croisés », le fils de Philippe Auguste, le futur Louis VIII.

La voie lauragaise connaît dès lors une période de troubles sévères qui ne prendront fin qu’après la disparition de « l’hérésie ».