GARDOUCH

village lauragais

Le métier de charron



Il s’agit d’un métier ancien qui a accompagné la vie rurale dans notre région jusque dans les années 1960, date de la généralisation de la mécanisation agricole.

Il vient tout droit du métier de charpentier puisque déjà dans le haut Moyen Age, il faut maitriser le travail et l’assemblage du bois pour bâtir châteaux et cathédrales et exécuter tous les travaux intérieurs de second œuvre.

C’est pour cela que les textes royaux distinguaient souvent :

                        Les charpentiers de la grande cognée (hache) qui étaient chargés de l’équerrage du bois, de fabriquer les grandes charpentes, les planchers, les colombages…

                        Les charpentiers de la petite cognée qui eux étaient spécialisés dans les coffres (métier de huchier), les bancs, les escaliers, les portes et la "menue huisserie" (menuisier).


Parmi les différentes spécialisations, est né le métier de charron qui s’est consacré à la fabrication des charrettes et autres moyens de roulage même si à la campagne, le métier présentait une polyvalence plus large.

La fabrication de la charrette demandait une dextérité et un savoir faire importants notamment pour la confection des roues qui constituait la partie la plus délicate du travail ; c’est à leur solidité et à leur longévité que le charron devait sa renommée. Leur réalisation reposait sur de longs mois d’apprentissage et faisait appel à des notions de physique (forces), de géométrie, de dessin, plus une connaissance affirmée du bois et de son travail.


Le choix du bois


Le charron devait, en prévision des futures réalisations, s’approvisionner en bois et anticiper le temps de séchage: 4 à 5 ans en grumes ou en planches. En hiver souvent, il procédait à l’abattage des arbres nécessaires qu’il repérait dans nos bois et forêts.

Les ormeaux tortillards (noueux) étaient utilisés pour confectionner le moyeu : il était une des pièces maitresses et subissait les plus grosses contraintes.

Les rayons de la roue étaient souvent faits en acacia alors que pour les jantes on utilisait du frêne ou de l’ormeau.

Pour le corps de la charrette, le choix était moins important même si on réservait en général une pièce de chêne pour le timon qui est l’élément de traction et pour les longerons.

Les échelettes, les ridelles et le tour étaient réalisés en bois dur afin de résister aux intempéries.


L’outillage


L’outillage était assez rudimentaire au début et toujours manuel :

Pour le traçage : règles, équerres, compas, trusquin.

Pour le sciage : passe-partout, scies à chant tourné.

Pour le perçage : chignoles, tarières, vilebrequin.

Pour le serrage et le maintien : étaux, valets, chèvre, cintreuses.

Pour le tranchage et évidage : rabots, gouges, varlopes, planes, râpes.

Quelques masses et marteaux venaient compléter tout cet outillage.

Avec l’arrivée des moteurs thermiques et de l’électricité, l’atelier du charron s’est enrichi de scies

à ruban, de mortaiseuses, de dégauchisseuses et de ponceuses.


L’activité du charron


L’activité du charron, dont le métier initial était la réalisation de charrettes et autres charretons, se diversifiait avec la confection de timons de faucheuses ou de râteaux, de  bielles de transmission pour faucheuses et lieuses, de planchers pour les camionnettes …

Parfois même il réalisait, lorsque le niveau d’activité baissait (hiver), des volets, des bancs, des brouettes et des escaliers.


Nota : l’opération de cerclage des roues (embattage), qui consistait à habiller la jante en bois par un cercle de fer  (voir métier de forgeron) était soit réalisée par le charron, soit par le forgeron. Outre le savoir-faire, il était en effet nécessaire de posséder des équipements spéciaux adaptés (cintreuses, fours, etc.).


Les ateliers à Gardouch


Gardouch a connu, lors des deux derniers siècles :


L’atelier de la famille Doumerc : situé avenue du Lauragais (près du Gardijol). Il a vu au moins trois générations de Doumerc, charrons.

Jean  avait commencé comme apprenti juste avant la deuxième guerre. Il a exercé cette activité à temps plein jusqu’au milieu des années 60, date de fermeture de l’atelier en raison de  la généralisation de la mécanisation agricole.

Mais déjà, bon nombre d’années avant, son père (François) et même son grand-père (Jean Pierre) avaient exercé le métier dans cet atelier.


L’atelier de la famille Séguy : situé avenue Tolosane (en face de l’ancienne poste), il a connu  au moins deux générations de charrons.

Le dernier à avoir exercé l’activité est Marius Séguy prénommé à Gardouch "Jules" qui, compte tenu de l’évolution agricole, a fermé l’atelier vers 1948.

Son fils Loulou a également travaillé dans cet atelier mais suite à la baisse d’activité d’après-guerre, il s’est réorienté vers un autre métier avant la fermeture.

Le grand-père de Loulou, Jean "Prosper", était aussi charron vers 1890.

Le père de Jean "Prosper" né en 1812 s’appelait Cyr Jules Bernard : il était déjà charron vers 1850.

Aujourd’hui, il n’y a plus de Séguy à Gardouch pour en parler.


Merci à la famille Doumerc qui a fourni de précieux renseignements sur l’historique du métier de charron.