GARDOUCH

village lauragais

Le métier de forgeron


Le forgeron est un artisan professionnel qui façonne à la main et assemble des pièces de métal pour réaliser

des objets usuels. Ses principaux outils sont le marteau et l'enclume qui lui permettent, après un chauffage de

la pièce de métal, qui est portée à l'incandescence, de la modeler selon le besoin. Le chauffage est assuré

par un foyer alimenté par de la houille (du charbon de bois autrefois) dont la température est entretenue par

un immense soufflet relié au foyer par une tuyère.

 

Il s'agit d'un métier vieux comme le monde (5000 avant JC environ) car il remonte à l'apparition du travail

des métaux (bronze, cuivre, fer...) pour confectionner des outils, des armes, des bijoux...

Il a été pratiqué dans nos campagnes jusqu'à la deuxième moitié du 20 iéme siècle et il pouvait prendre les

formes les plus diverses, allant de serrurier/ferronnier/taillandier, à maréchal-ferrant, jusqu'à l'affutage des

outils agraires (Charrue, brabant...) et même la réparation des machines agricoles.


L'activité de serrurier/ferronnier/taillandier: elle consistait à confectionner, à partir de pièces

de fer chauffées et modelées, des paumelles, des pentures, des grilles, des barreaudages et autres pièces

pour le bâtiment ou usages divers. Certains forgerons étaient spécialisés dans la taillanderie qui consistait

à élaborer, à partir de l’acier, des outils de taille (serpes, hachette, couteaux, cisailles …). Ces activités ont

cessé, avec l’arrivée sur le marché des produits manufacturés.


L'activité de maréchal-ferrant: elle consistait à ferrer les sabots des animaux de trait. Dans nos campagnes les travaux étant très pénibles (terrefort),  on utilisait essentiellement des bœufs de race gasconne; parfois même deux paires pour les labours profonds. La bête était sanglée dans un "travail à ferrer" (appelé parfois métier), sorte de structure en bois, pendant que le maréchal-ferrant ajustait le fer à la morphologie de chaque sabot. L’expertise consistait à éviter voire à compenser toute boiterie de l’animal.

Le ferrage des chevaux était également réalisé car quelques fermes utilisaient ces animaux de trait; la particularité est que le fer était posé à chaud pour un meilleur ajustage sur la corne du sabot.

L’activité de maréchal-ferrant fut la première à décliner (vers 1960) avec la généralisation de la mécanisation agricole et tout particulièrement le remplacement des animaux de trait par des tracteurs. Aujourd'hui elle est encore pratiquée mais uniquement dans les centres équestres.


L'activité d'aiguisage: le travail des terres agricoles reposait autrefois sur le labour:

                                                           un profond de fin d'automne ou de début d’hiver,

                                                           et un plus léger en été pour défoncer les chaumes (rastouls). La faible qualité des aciers nécessitait d'affuter tous les ans les pièces d'usure de la charrue que sont le soc et le carrelet. Les pièces étaient démontées et fortement chauffées pour les rendre malléables. Un martelage expert permettait de reconstituer les tranchants; il s’en suivait un trempage brutal, ce qui redonnait au fer une extrème rigidité (acier).

Cette activité essentiellement liée au travail des attelages de trait a également disparu avec l'arrivée de la mécanisation agricole; l'activité de labour n'étant plus beaucoup pratiquée actuellement (remplacée par le chisel) et les aciers utilisés étant bien plus résistants (alliages, tungstène).


L'activité de réparation des machines agricoles à traction animale : afin d’anticiper l’arrivée

de la mécanisation, certains forgerons s’étaient spécialisés dans la réparation des machines comme les

faucheuses, les lieuses, les râteaux,les semoirs...


A toutes ces activités, venaient s'ajouter des tâches complémentaires comme le cerclage des roues de

charrette. Il consistait à élaborer un cercle en fer qui était posé à chaud sur la roue en bois, préalablement

confectionnée par le charron. La jante en fer avait été fabriquée avec une circonférence légèrement

inférieure à celle de la roue en bois; la dilatation permettait de placer cette jante et de la serrer, par

refroidissement, autour de la roue. L'ensemble était ensuite maintenu par des boulons.


L’évolution du métier de forgeron à Gardouch.


Comme cela a été dit plus haut, le métier a disparu dans la deuxième partie du vingtième siècle, suite à la

généralisation de la mécanisation agricole et à l'arrivée des produits manufacturés sur le marché.


Pourtant Gardouch à connu trois forges dans le siècle précédent:

  

Cette forge à été exploitée par la famille Armengaud ( au moins 3 générations).

Elle est assez ancienne car Victor Armengaud y était déjà forgeron vers les années 1860. C'est  son fils Jean Marie (photo ci-dessus) qui a repris le métier jusque dans les années 1930 environ. A l’arrêt de ce dernier, son fils Victor (même prénom que le grand père), qui était trop jeune, à dû faire son apprentissage chez un forgeron de Nailloux (Saint Ramon). Il a ensuite repris l'activité de la forge à Gardouch, interrompue par la guerre. Le travail s'amenuisant avec la généralisation de la mécanisation agricole, malgré des prestations à Saint-Rome (2 jours par semaine), il a poursuivi l’activité dans le bâtiment de l’ancien poste à essence mais en ne conservant que la ferronnerie.

  

Cette forge a été exploitée  par la famille Villa.

De 1919, date à laquelle il avait commencé  comme apprenti, Jules Villa (photo en haut à droite) a exercé son métier de forgeron jusqu’en 1970. C’est son fils François qui a pris la suite jusqu’en 1980, date de fermeture définitive de l’établissement suite à un problème de santé.

Il s’agit d’un établissement assez ancien qui doit remonter vers le milieu 19 ième siècle car déjà les grands parents et arrières grands parents (Jules et Hyppolite Carrière) exerçaient le métier dans cette forge.  

  

Cette forge a été exploitée par Barthélémy Bélinguier qui exerçait par ailleurs une activité de distillation car il possédait un alambic.

On connaît très peu de renseignements sur cette forge; juste que l’exploitation aurait cessé vers la fin de la deuxième guerre mondiale.


Remerciements aux familles Villa, Touja et Armengaud qui ont fourni les renseignements et les photos, pour reconstituer cette tranche de vie de l’artisanat gardouchois.