GARDOUCH

village lauragais

La route de l’étain




Vers 400 av JC, dans le sud de la Gaule, les premières voies de circulation en pays celte prennent naissance, au fil des échanges, entre pays du nord et pays méditerranéens.

Un commerce bien particulier va se développer : celui de l’étain.

Voie de passage privilégiée du nord-ouest vers le sud-est, le Lauragais a été l’un des axes où était acheminé le minerai d’étain, alors très recherché : d’où le nom de route de l’étain.


Pourquoi l’étain

Les habitants du pourtour méditerranéen : Phéniciens, Grecs, puis Latins, avaient depuis longtemps domestiqué le travail du cuivre (qui fond vers 1100 °). Or, en y ajoutant 10 à 15 % d’étain, ils obtenaient un alliage aussi solide : le bronze (ou airain), plus facile à fabriquer car sa température de fonte se situait à environ 1000°. La technologie de l’époque (quatre à trois siècles avant JC) permettait à de petits fours d’atteindre cette température.

On connaît toutes les utilisations d’un tel alliage : fabrication d’armures, de plats, de pots, d’ustensiles divers, d’éléments de décoration, etc.

L’étain était donc un des nerfs de la guerre et aussi de la vie courante depuis le fameux âge du bronze.


L’étain, où ?

Pas d’étain dans le pourtour de la Méditerranée. Par contre, il y en avait en quantité dans les sols de la Cornouaille anglaise et de notre Bretagne. Il y en avait aussi en Iran où il faisait l’objet d’un commerce identique. Mais on comprend aisément que Phéniciens, Carthaginois, Grecs et Romains, aient une préférence pour des gisements nettement plus proches que ceux d’Iran …


Quels chemins pour l’étain ?

En gros, trois voies.

D’abord la voie maritime : tous savaient franchir le détroit de Gibraltar pour aller le récupérer jusqu’aux îles britanniques. Navigation longue, et aléatoire. D’autant que cette route était contrôlée par les Carthaginois qui n’étaient pas au mieux avec les Grecs.

Restaient donc les solutions médianes : moitié mer, moitié terre.

L’une d’elles empruntait le couloir rhodanien, l’autre le Lauragais actuel.

Après avoir été acheminé par la mer jusqu’à Bordeaux, l’étain remontait la Garonne sur des chalands légers. Arrivé à Toulouse, il suivait les voies de communications terrestres (ânes, mules) jusqu’à l’Aude pour arriver jusqu’aux comptoirs grecs.

D’autres produits prenaient les mêmes chemins : l’ambre qui venait de la Baltique, le blé, le cuivre.


Des échanges anciens et un commerce actif

Ce système a commencé certainement à fonctionner depuis le septième siècle avant JC.

Les commerçants grecs organisaient eux-mêmes les caravanes et les expéditions.

En échange, les producteurs recevaient des produits finis (pots, vaisselle), du vin, du sel et des dérivés oléagineux.

Déjà le Lauragais était donc une voie d’invasion, de passage, de commerce et d’échanges.

Et les Tectosages, qui maîtrisaient étain et cuivre ont contribué sans nul doute au développement de cet axe commercial.

Entre Toulouse et Carcassonne, s’était organisé tout un système de communications et de transports, avec des points de haltes, des lieux d’entrepôts, et même des marchés : Badera (Baziège), Elusiodunum (Naurouze), Sestomagus (Castelnaudary), Eburomagus (Bram).