GARDOUCH

village lauragais

La lengo nostro.


Les habitants du Lauragais communiquaient en patois, un idiome issu du Roman qu’on connaissait sous le nom de « lengo moundino ».

Ce qualificatif est la contraction de ramoundino, issu du prénom des comtes de Toulouse : Raymond. Leur règne sur le comté de Toulouse a duré de 852 à 1249 (décès de Raymond VII) ; juste après la croisade des albigeois.

Ils pratiquaient et défendaient cette langue et beaucoup de poètes, comme Pierre Goudelin (1580-1649) (Goudouli), l’ont utilisée pour écrire de nombreuses œuvres (Ramelet moundi) qui, aux dires des spécialistes, auraient même inspiré Molière ou Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac) !

Baigné par un état d’esprit épicurien, largement répandu par Montaigne, Goudelin est considéré comme le relai entre les troubadours féodaux et le mouvement des félibriges animé plus tard par Frédéric Mistral (1854).

Ce mouvement entendait restaurer la langue provençale et codifier son orthographe, mais très rapidement il s’est étendu à l’ensemble des parlers d’Oc.

Si le Félibrige est une organisation de défense et de promotion de la langue et de la culture d'oc, son action se situe aujourd'hui au niveau de la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle en France et dans le monde. Il est une des deux organisations présentes sur les 32 départements de la langue d'Oc.


La pratique et le développement de cette langue se sont heurtés à plusieurs obstacles :

                   L’Edit Royal de Villers-Cotterêts en 1539 (François 1er), notamment par son article 111, met fin à l’utilisation des idiomes régionaux.

Composé de cent quatre-vingt-douze articles, cet édit réforme la juridiction ecclésiastique et rend obligatoire la tenue des registres de baptêmes. Il est surtout connu pour être l'acte fondateur de la primauté et de l'exclusivité du français dans les documents relatifs à la vie publique du royaume de France ; en effet, pour faciliter la bonne compréhension des actes de l’administration et de la justice, il leur impose d'être rédigés dans cette langue. Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l'administration, en lieu et place du latin ou des idiomes régionaux.


                            La création de l’Académie Française (1635) par le Cardinal de Richelieu : par son contrôle de la langue et des lettres, elle avait notamment pour but de réaffirmer le français sur l’ensemble du royaume.


Et pourtant cette langue (la lengo nostro) s’est transmise et perpétuée de génération en génération pendant plusieurs siècles; elle est restée profondément enracinée au terroir. Elle a été la langue maternelle de nos grands parents et même parfois de nos parents. Combien d’entre eux ont intégré l’école de la république où on y parlait une langue « estrangère » !

A leur entrée, ils devaient donc d’abord commencer par maîtriser cette nouvelle langue (le français), ce qui a valu à certains écoliers, un peu récalcitrants, des punitions très sévères. En effet, les instituteurs de l’école communale étaient très stricts, et aux dires des anciens, ils utilisaient parfois la règle carrée comme pédagogie complémentaire !!!


Qu’en est-il aujourd’hui du patois dans le Lauragais? Il n’est plus pratiqué, dans le milieu rural, que par nos anciens et parfois à peine (ou pas) compris par les plus jeunes. De plus, cette langue étant profondément attachée au milieu rural, a eu du mal à s’enrichir du nouveau vocabulaire technique que le français a eu même parfois des difficultés à absorber.

A contrario, certaines situations ou expressions typiques du monde rural décrites en patois, sont assez malaisées à traduire en français ; à moins d’utiliser des périphrases. Le vocabulaire patois est quatre fois plus riche que le français.

L’avenir du patois n’est donc pas très florissant même s’il faut saluer toutes ces écoles privées (calendretas), toutes ces associations, et quelques émissions sur les TV régionales qui s’efforcent d'apprendre et de perpétuer l'usage de la langue d’Oc.


Lien pour le texte de l’Edit de Villers-Côtterêts : http://fr.wikisource.org/wiki/Ordonnance_de_Villers-Cotterêts