GARDOUCH

village lauragais

Le maire, le conseil municipal



Nous allons peut-être ici mettre fin à une idée ancrée à tort dans certains esprits.

Elle voudrait que la fonction de maire, issu d’un conseil municipal et administrant une commune, soit un héritage de la Révolution Française.

Disons tout de suite que c’est une vraie fausse affirmation.


En réalité cette fonction était déjà intégrée dans l’organisation administrative de l’Ancien Régime.

Elle a évolué au cours des siècles, disons en gros depuis le XI°.

Les maires, responsables locaux le plus souvent de paroisses, de communes ou de grandes villes, ont porté des noms souvent différents, suivant les époques, les régions ou les provinces.

D’ailleurs un Charles de Varagne avait été nommé vers 1700 maire perpétuel de Gardouch en raison de l’intérêt porté au village. Voir famille Varagne, généalogie.


Définitions


En premier lieu, la bonne question à se poser, c’est de se demander d’où vient le mot maire.

Notre héritage latin nous donne la réponse : maire vient du mot latin [major (maior)], qui veut dire plus grand (ou plus important). A ne pas confondre avec le plus grand ou le plus important.

Dans une entité locale, le maire est donc un personnage plus important que les autres, par élection ou nomination, endossant des responsabilités collégiales.


Ensuite, puisque de nos jours existe un lien fort entre maire et commune, l’autre question qui vient naturellement à l’esprit, c’est : que signifie commune ? La réponse est également latine.

Le mot vient de [commune, is], littéralement : le bien commun.


Cela étant posé, voyons comment les choses ont évolué au fil du temps.


Sous l’Ancien Régime


Les divisions administratives pouvaient être différentes selon les régions.

De plus, de 1100 à 1789, il y a eu pas mal d’évolutions, liées à l’extension du royaume, aux personnalités des rois ou de leurs collaborateurs, à l’influence souvent déterminante de personnages locaux.


Pour simplifier, nous dirons que le royaume était divisé en provinces (anciens duchés ou comtés, regroupement d’états régionaux). Chacune était administrée par un représentant du roi appelé l’intendant : son rôle était de s’assurer que tout allait bien dans son secteur, et surtout de s’occuper des impôts et de leur levée.

La religion catholique était religion d’état, l’Eglise détenait un pouvoir incontestable.

La division territoriale de base du royaume était la paroisse, à la tête de laquelle il y avait un curé nommé par l’évêque. Les paroisses s’étaient le plus souvent créées en fonction des bourgades ou des villages existants, toujours autour d’une église. Bien entendu, dans les agglomérations importantes, cohabitaient plusieurs paroisses.


Le plus souvent, les seigneurs (ducs, barons, comtes, chevaliers, marquis), propriétaires fonciers, avaient plus ou moins délégué certains de leurs pouvoirs à d’autres.

C’est ainsi que les villages avaient organisé une sorte d’autogestion pour ce qui concernait les biens et les choses dits du domaine commun.

Les responsables, désignés en accord avec le seigneur du lieu, s’appelaient dans le Midi les consuls et souvent les réunions se faisaient à l’église ou sur son parvis.

Le mot consul vient encore du latin : [con-sedere], siéger avec.

Parmi les consuls, magistrats locaux, il y avait le consul principal appelé premier consul.


On voit bien qu’un embryon de vie communale était déjà là. Même si la commune n’existait pas encore.

Plus particulièrement à Gardouch où vers 1270 les Varagne avaient institué une charte des us et coutumes que les consuls se devaient de faire respecter.

Nous verrons cela dans l’histoire de Gardouch.


Donc les maires et conseils municipaux sont les héritiers d’une organisation antérieure.


Après la Révolution


La Révolution n’a pas instauré les maires.


Plus précisément elle a créé les communes, calquées sur les paroisses, leurs ancêtres.

De 1789 à 1884, il y eut un permanent et réel flou administratif.

Il est vrai que le pays avait oscillé entre République et Empire, Empire et Restauration, Restauration et République, République et Empire, Empire et République.


Il faut attendre la loi dite "municipale" de 1884.


Cette loi uniformise au plan national les régimes juridiques variés des communes, quelques 100 ans après la Révolution !

La loi pose définitivement les principes de l’organisation et des attributions des communes, ainsi que ceux de la tutelle préfectorale.

La loi est à la fois centralisatrice et décentralisatrice.


Elle institue l’élection du conseil municipal (organe de délibération et de décision local) au suffrage universel, plus l’élection du maire en son sein (le maire est l’organe exécutif).

Mais le Maire, représentant de la Commune, devient aussi le représentant du Préfet donc de l’Etat.


Nos maires, aujourd’hui, sont tout en même temps les héritiers des premiers consuls de l’Ancien Régime, ceux de la Révolution et ceux de la loi de 1884 … Belle charge, belle fonction.


C’est plus qu’une charge ou une fonction : c’est aussi une vocation, et désormais c’est presque devenu un métier.